VENT
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Vent est un hors-série produit à six mains, qui parle de cet élément impalpable et omniprésent. Une publication grand format, graphique et narrative, imprimée en blanc sur papier noir.
Une porte claque – c’est brusque et pourtant évident, car le courant d’air était perceptible ; c’est ainsi que le sujet du vent s’est présenté à nous. Que ce soit dans les montagnes qui s’élèvent de part et d’autre de la ville de Sion où le long de la vallée du Rhône, le vent y est omniprésent. Et pourtant invisible. Un thème idéal, nous qui voulions placer l’expérimentation au cœur de ce projet valaisan.
Échouer à représenter le vent ne faisait que peu de doutes, mais les tentatives importaient plus que tout. Les gestes, les recherches – où nous mèneraient-elles ? Certainement là où sont véhiculées les poussières soufflées par le vent : partout et nulle part à la fois. Créer un couloir, notre courant d’air, là était tout l’enjeu.
Un journal du vent fut la première étape. Au fil des semaines, chaque membre du collectif donna des textures au vent. Sur un format A6, nous nous confrontions à cet élément ; du cœur aux mains, des mains au papier. L’idée initiale était ensuite d’en composer une grande fresque en les mettant les uns à côté des autres – une sorte de cartographie sensible du vent, un vocabulaire des particules en mouvement. Un impressionnant corpus de dessins vit le jour. Mais une fois étalé devant nous, la fresque imaginée ne fit plus sens, la démarche ainsi présentée aurait perdu son souffle. Il nous fallait un nouvel élan, alors une narration libre fut écrite ; elle nous servit de fil rouge, comme une brise peut guider notre odorat.
Et soudain une nouvelle dimension s’ouvrit à nous. De nouvelles questions qui bousculaient nos considérations précédentes. D’où viens-tu ? Et jusqu’où vas-tu, toi, le vent ? Mais parle-t-on encore de lui ? Tout devint si grand ; et nous fûmes bien aise d’être ainsi propulsés aux quatre vents. Car en plus de la physique et de la géographie propres au vent, la métaphysique s’était maintenant invitée. Seuls nos choix nous guidaient. Passant de la narration aux textures, la publication Vent se composa comme les nuages, entre hautes et basses pressions.
À l’instar du vent, nous nous sommes adaptés aux topographies changeantes de ce projet. Car si le sens du vent à son importance, le chant qu’il produit n’a pas son pareil. Il en fut de même pour nous : le travail d’élaboration de l’exposition et de la publication nous réserva de nombreuses surprises ; et bien plus que sa forme finale, c’est dans cette recherche de voie à emprunter en collectif que chacun de nous se révéla un peu plus à soi-même. Pendant que le vent souffle sur le blé, sa poésie, elle, s’inscrit dans le champ.
Antón de Macedo